Abomey et son Palais royal

 
 

ABOMEY fut la capitale du Dahomey

La ville fut fondée par l’ethnie Fon vers 1625. Douze - ou plutôt quatorze - Rois s’y succédèrent jusqu’en 1900 avec l’établissement de la colonie française du Dahomey. Ce nom de Dahomey provient d’une mauvaise transcription de Abomey.

La ville dépasse aujourd’hui les 100 000 habitants et abrita les palais successifs de tous les rois dans une série d’enclos semi-concentriques, inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. Le musée du Palais Royal est le plus grand musée béninois. En principe, comme dans tous les autres, la photo y est interdite, mais nous avons pu réaliser quelques clichés pirates dont vous allez bénéficier…


L'histoire du Royaume d’Abomey


Au cours des XIII et XIV èmes siècles, les Fons créèrent un grand royaume qui se disloqua pour des problèmes de succession. Ce furent tour à tour des royaumes voisins qui exercèrent leur suprématie sur la région, entendue au sens large, en allant du Togo au Nigéria et le sud de l’actuel état du Bénin.

Les rivaux les plus puissants du Dahomey furent le Royaume d’Oyo avec lequel de nombreuses guerres eurent lieu, y compris pour dominer le très lucratif marché des esclaves au cours des XVII ème et XVIII ème siècle. Ne dit-on pas qu’un roi du Dahomey était plus riche que le plus riche des grands seigneurs anglais ?

Mais auparavant, pendant les XV ème et XVI ème siècles, le Royaume de Bénin, créé par les Edos au sud ouest de l'actuel Nigéria, sur le fleuve de Bénin, étendirent leurs positions jusqu’à Abomey.

C’est cette racine commune du XVI ème siècle qui «justifia» probablement que le Dahomey prenne en 1975 le nom de République populaire du Bénin.

Lors du retour à la démocratie en 1990, le nom de Bénin fut conservé.

Etonnant ? Certes. Mais après tout, la Frande possède bien la Bretagne, et nos voisins britanniques ne se proclament-ils pas de Grande Bretagne ? Ce qui révèle aussi un passé commun et des traces linguistiques communes puisqu’ils sont nos cousins européens ?

Au fil des siècles, les royaumes de Bénin,  d’Abomey et d’Oyo, créés par des ethnies distinctes et souvent rivales ne cessèrent de se disputer le territoire du sud de l’actuel Etat du Bénin, depuis Abomey à 140 km au nord jusqu’à Porto Novo sur l’Océan.

La ville d’Edo (devenu Benin City) fut créée par les Edos au XIII/XIV  èmes siècle.

Abomey fut créé par les Fons au XVII ème siècle.

Oyon fut créé par les Yourubas au XVII ème siècle également.

Sur le long terme, le royaume d’Abomey eut le plus souvent la suprématie régionale, au prix d’alliances changeantes avec ses voisins et surtout par les immenses revenus qu’il tirait du commerce des esclaves. Oyo assura le pouvoir à la fin du XVIII ème avant qu’Abomey ne le reprenne.

A ce jeu déjà très compliqué entre Africains, vint s’adjoindre celui des Européens, en concurrence les uns avec les autres, d’abord pour les marchandises, puis pour les esclaves et qui passaient des alliances tout aussi changeantes avec les grandes chefferies ou les royaumes locaux.

A la fin du XIX ème, il ne restait plus que les Français et les Anglais en position dominante, les Allemands se repliant sur le Togo pour y installer un Protectorat…

 

Le musée du Palais royal


Ce musée historique, créé en 1943 par l’administration coloniale française,  présente une assez bonne chronologie des douze rois, mais notre guide insista sur deux rois supplémentaires, dont l’un fut en réalité une Reine qui régna effectivement tandis qu’un autre fut écarté de l'histoire officielle car il voulut minorer le rôle de la Cour et de la Noblesse.

Chacun des rois apporta son effigie, son palais et ses conquêtes, expliquées sur des bas-reliefs en terre..


Il reste fort peu de témoignages artistiques de grande valeur à part des sièges et des objets cultuels vaudous ou encore des récades (sortes se sceptres en bois sculptés pouvant servir de massue)  ou des assins (sculptures en fer représentant l'animal choisi comme emblème par chaque roi).


Il faut dire que la coutume de construire à chaque nouveau souverain un enclos et un palais n’a pas aidé à la conservation puisqu’on laissait à l'abandon les traces du passé.

Ce qui reste donne une impression - peut-être fausse - de royaumes assez sanguinaires, davantage préoccupés de conquêtes et de sacrifices humains plutôt que d’art, de sciences ou d’élévation de l’esprit.

Devant ce bilan un peu décourageant, nous avons enquêté pour découvrir la forme artistique la plus pratiquée au Dahomey.

La plus constante est «l’appliqué sur tissu» - on dit aussi «Toile appliquée». Cette forme esthétique aurait été développée par le Roi Agadja (1708-1740) et se perpétue depuis (source : le site web du musée).  C’est sous ce monarque que le Dahomey s’est considérablmement étendu vers la mer et enrichi par la traite des esclaves via le port de Ouidah.

Le nom en langue fon de la toile appliquée est «avo».

Malheureusement, le tissu est fragile, et les plus anciennes pièces ont disparu.

C’est aussi pourquoi nous voulions rencontrer le plus célèbre continuateur de cet art, Yves Appolinaire Pèdé à Porto Novo.


Seul, le royaume du Bénin au Nigéria, pendant son âge d’or des XVI et XVII èmes siècles a donné au monde des trésors inestimables comme les effigies Edos des Obas, visibles dans les grands musées occidentaux après le sac de Benin City par les Britanniques à la fin du XIX ème siècle.


Ci-desssous une des effigies que nous avons admirée au British Museum à Londres :




Le musée d’Abomey a été rénové au milieu des années 1990 avec des fonds italiens.

Le reportage ci-dessous en donne un premier aperçu.

 

A propos de la restitution des œuvres


Quelques pièces importantes se trouvent au musée des Arts Premiers, Quai Branly à Paris.


Marie-Cécile Zinsou, fille d’un ancien premier ministre et conservatrice de la Fondation Zinsou de Ouidah a demandé en 2018 à la France leur restitution. Le président français, Emmanuel Macron,  y a répondu plutôt favorablement, compte tenu des questions législatives à régler, en particulier le caractère inaliénable des biens de l’Etat.

Nous avons déjà donné notre position sur cette question dans notre livre consacré à l’Egypte des Pharaons.





Et, au cours de ce voyage au Bénin,  nous avons eu l’immense plaisir de constater que Gabin Djimassé, grand spécialiste du Vaudou, co-auteur de plusieurs ouvrages, conservateur et membre permanent d’une commission ministérielle béninoise était à peu près de notre avis.




  1. -Seules quelques œuvres peuvent considérées comme résultant du pillage, il convient de ne pas faire d’amalgames. Beaucoup ont été échangées ou données par des souverains ou des personnages béninois  importants.

  2. -Que faire pour les œuvres confiées à des musées en donation par des grands collectionneurs qui les ont réellement achetées ?

  3. -Au moins jusqu’à nos jours, elles ont été bien mieux conservées dans les musées occidentaux.

  4. -Il faudrait que les musées locaux fassent l’effort de se mettre au niveau de leurs homologues en matière de conservation et de présentation.

  5. -Enfin, pourquoi ne pas réaliser des copies - on sait en faire de parfaites - et conserver les originaux là où ils sont pour le moment le plus en sécurité ?


Une suggestion au gouvernement


Suite à beaucoup de discussion sur ce sujet, abordé de façon trop politique dans un contexte de repentance post coloniale, nous avons suggéré - et nous suggérons ici - aux autorités béninoises de construire un - petit ! - musée historique à Cotonou ou Porto Novo pour exprimer l'identité du pays, la richesse et la diversité de sa culture,  clarifier les relations avec le Royaume du Bénin et développer un tourisme de qualité, rapporteur de devises et d’emplois.



Matériel : Nikon D4, Nikkor 105mm f:1,4, 14/24 mm f:2,8, 180 mm f:2,8.


ATTENTION

Sur iPad et iPhone : Ne pas pendre le mode Diaporama (images trop petites) :

Faire défiler les photos une à une en tapant dessus pour avancer.


Pour les voir en qualité maximale (haute définition), il faut les télécharger (en haut à droite de la fenêtre).

 

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