Le village lacustre de Ganvié

 
 

Après Aguégués nous pensions avoir tout vu des villages lacustres. C’était une erreur car nous allions découvrir le site de Ganvié qui restera comme une expérience humaine inoubliable.

Pour échapper à l'esclavage, des populations du sud du Bénin se cachèrent dans les marais le long de l’océan, en particulier sur le littoral de l’immense lac Nokoué qui se situe au nord de Cotonou et à l’est de Abomey-Calavi. Il est relié à l’océan, distant de 5 km par une voie d’eau qui lui fait subir la marée et produit une eau saumâtre, riche en poissons de toutes sortes.

Ci-dessus, une illustration de Ganvié, découverte sur le mur d’un restaurant à Ouidah…


Les populations réfugiées s'adaptèrent si bien - si l’on peut dire - à cet environnement pourtant très hostile, qu’ils y restèrent jusqu’à nos jours. Ganvié et ses villages annexes regroupent aujourd’hui plus de 30 000 personnes…

Comme nous l’a affirmé avec un peu d’humour notre guide Boniface (que nous remercions chaleureusement), Ganvié est la Venise de l’Afrique. Effectivement, comme à Venise tout se fait en bateau. C’est même beaucoup plus dur, car Venise est une lagune. A Ganvié il n’y a pas de terre ferme, sauf quelques remblais que les habitants ont constitué en amenant de la terre avec les pirogues.

Toutes les maisons sont disposées sur des pilotis qui doivent être régulièrement renforcés car il faut tenir compte des variations des hauteurs d’eau en fonction des saisons et des marées qui entraîone et une érosion sensible.

 

Les plus riches s’offrent des piloris constitués de chevrons bien taillés et de bonne section, les autres, de simples branches d’arbres qu’il faut régulièrement changer à mesure qu’elles pourrissent.

Tout se fait en pirogue, la pêche, les marchés, les courses, les apports de matériaux, jusqu'à l’eau potable qu’il faut acheminer parfois d’assez loin. Il en est de même pour les églises ou les mosquées et les structures de santé (dispensaire, maternité)…

Autrement dit, Ganvié présente un va et vient incessant de pirogues à perche, à pagaie, à moteur, à voile, grosses ou petites, pilotées par des enfants, des pêcheurs, des transporteurs ou des personnes âgées. Les habitants les plus pauvres ne possèdent pas de bateau, il leur faut dépendre des voisins… ou travailler pour eux. 

Le plus extraordinaire est que, malgré ces conditions incroyablement difficiles, les natifs restent attachés et ne veulent pas abandonner ce mode de vie. Et ceux qui ont trouvé du travail éloigné y reviennent chaque semaine visiter leur famille.

L'école est semi obligatoire, tout dépend de l’éloignement… Mais beaucoup d’enfants sont heureusement scolarisés. Le frère de notre guide, natif lui aussi du village, est devenu professeur. Il revient chaque semaine visiter la famille.


Nous sommes arrivés à Ganvié le soir au bout de 45 minutes de pirogue à moteur (à la perche ou à la voile il faut près de deux heures). Nous étions logés dans une maison aménagée pour le tourisme avec deux salons et des chambres. Pour le repas, une pirogue est venue nous chercher pour nous emmener au restaurant, assez éloigné, d’où le plaisir de naviguer dans le village.




 

Et à l'issue du repas, en pleine nuit, une autre pirogue nous a raccompagné. Qu’on imagine : dans une obscurité quasi totale, on ne cesse de croiser d’autre esquifs, on se frôle, on se frotte, avec un niveau d’eau à quelques centimètres du bord. Une collision et c’est le chavirage… Ce fut risqué, un peu inquiétant, intense… et totalement inoubliable !

Il est rare de connaitre une émotion aussi puissante dans un voyage. La vie de ces habitants est tellement dure qu’elle fait se poser des quantités de questions sur le développement économique et social. Une organisation internationale a financé l’installation de lampadaires  à énergie solaire qui rendent bien service aux habitants.

Quand nous leur avons dit que chez nous, dans les pays riches, certains se plaignent de ces lumières et les font éteindre la nuit, ils étaient totalement incrédules…

Ajoutons, pour finir, que nous disposions d’un très bon wifi, ce qui nous apparut comme exceptionnel en montrant que des facteurs d’évolution - et de changements futurs - sont bien présents. En décembre (dans l’hémisphère sud, c’est la fin du printemps), il n’y a pratiquement pas de moustiques, mais on imagine ce qu’il peut en être en saison favorable…

Cet hébergement dans une maison sur pilotis restera un de nos plus grands souvenirs de voyage.

Merci aux habitants de Ganvié pour leur courage et leur gentillesse au milieu d’immenses difficultés de vie.





Matériel : Nikon D4, Nikkor 105mm f:1,4, 14/24 mm f:2,8, 180 mm f:2,8.


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