Les Tatas Sombas de Koussoucoingou

 
 

L’architecture des Tatas Sombas constitue le modèle traditionnel le plus célèbre du Bénin.

Situés dans le nord du pays, ce sont comme de petits châteaux forts en terre destinés à se protéger contre les ennemis et les animaux sauvages.

Etudiés par beaucoup d'ethnologues et d’archietctes, ils représentent une forme aboutie d’habitat durable occupé par des familles de paysans et d’éleveurs. Quand on parle de durabilité, il ne faut pas perdre de vue que celle ci est relative. Construits avec de la terre plus ou moins argileuse, les pluies en ont raison tôt ou tard, tout comme les cases que l’on trouve au sud ou d’autres constructions au Togo, tout proche. Mais, comme elles, on peut les reconstruire indéfiniment en réemployant la terre à condition de lui adjoindre de l’argile ou mieux, de la terre de termitières quand on en dispose.

Pour accroitre la résistance aux pluies qui peuvent être violentes, on les recouvre d’un enduit de terre argileuse mélangée avec de la paille et de bouse de vache. Comme au sud, cette tâche revient aux femmes.

Les enduits portent des traces identiques aux scarifications de l’ethnie. On peut noter que la coutume de la scarification se perd peu à peu. Les parents sont libres de la pratiquer ou non sur leurs enfants. Certains de nos interlocuteurs en avaient mais ils avaient décidé de ne pas en pratiquer sur leurs enfants. Il semble qu’il n’y ait pas une contrainte sociale trop forte, les anciennes générations acceptant des évolutions jugées inéluctables à défaut d’être souhaitées…

Les croyances animistes s'accommoderaient-elles mieux des évolutions sociétales que certaines religions monothéistes qui le refusent  ?

Nous n’avons évidemment pas de réponse argumentée à cette question.


 

La construction était collective, tout le village participant aux travaux. Certains interlocuteurs nous ont expliqué que cet usage se perdait à cause du tourisme, pourtant très peu développé au Bénin. La raison en est que certaines familles dont les tatas sont visités en tirent un avantage pécuniaire en ayant fait travailler gratuitement les autres villageois. Certes, des taxes leur sont imposées pour rétablir un certain équilibre, mais vue la résistance à toute forme de prélévement au motif que la corruption récupère l’essentiel, nombre de  Béninois essaient de s’y soustraire. Là encore, ce fut un bel objet de débat sur la nécessité - ou non - de prélèvements et de répartition des produits des impôts…


Le plan d’un Tata est intégralement ritualisé. On y trouve :

Une entrée qui sert à la basse cour, une pièce en enfilade pour le plus gros bétail (toujours en petit nombre) et une cour intérieure ouvrant sur les différents bâtiments réservé aux femmes, aux enfants, au maître de maison.

Au premier niveau, un toit terrasse débouchant sur la chambre d’une des femmes, éventuellement d'une autre  et les greniers.

Les autres femmes et les enfants sont logés alentour dans ce qu’on peut appeler les communs.

Nous avons eu la chance d’en visiter plusieurs et de pouvoir les photographier, d’où le côté un peu exceptionnel de ce chapitre.

Le musée de Natitingou offre une très intéressante typologie en six modèles de base.


Dormir dans un Tata


Notre organisateur et son entreprise Sadidi nous avait même prévu deux nuits sur le toit terrasse dans le village de Koussoucoingou. Mais, l’Harmattan (le vent du nord) soufflant assez fort en décembre, surtout à plus de 500 mètres d'altitude, il fut jugé plus raisonnable de se réfugier dans des bâtiments annexes au confort assez rudimentaire. Mais qu'importe celui-ci si les découvertes et les échanges sont au rendez-vous.

Notre guide local, Thimothée nous a entraîné dans les villages aux alentours pour découvrir d’autres Tatas et échanger quelques mots avec leurs habitants, les Otanmaris qui se révèlent comme une ethnie plutôt farouche mais accueillante. Nous avions apporté des vêtements pour leurs nombreux enfants.

La population est avant tout animiste. Des fétiches et des pierres à sacrifices ornent toutes les entrées. Mais, certains ont adopté en plus le culte chrétien ou plus rarement musulman. A condition de pouvoir conserver leurs divinités. C’est ce qui constitue le syncrétisme africain.


La polygamie


La plupart de nos interlocuteurs étaient polygames - en fait souvent bigames. Avoir trois femmes ou plus est avant tout une question de moyens. Il faut construire un grenier pour chacune donc disposer du revenu nécessaire.

Les discussions avec nos guides furent intenses sur ce mode de vie, tout en restant bien sûr respectueuses. Les plus rares échanges avec les femmes ne nous en apprirent pas beaucoup plus. La polygamie paraît «naturelle», elle ne pose pas de problème psychologique particulier et elle permet aux femmes d’obtenir de la «sécurité» et aux hommes de satisfaire leurs «besoins» sans se retrouver dans l’adultère. Ceci rejoint  nos discussions approfondies avec certains amis musulmans. Pour eux, la polygamie «protège» les femmes…

Ceci dit, la tendance générale - et inéluctable à ce que nous avons entendu est que l’on passe de quatre ou cinq femmes à seulement deux dans la plupart des cas… Ce qui réduit d’autant le nombre d’enfants par famille.


Matériel : Nikon D4, Nikkor 105mm f:1,4, 14/24 mm f:2,8.


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