En découvrant le site on est terrassé par autant de grandeur… e
D’ailleurs, c’est ce qu’en disait Champollion : «Le grand temple d’Ibsamboul vaut à lui seul le voyage de Nubie (…)
Je vous plains aussi de n’avoir pas admiré Ibsamboul : c’est une boutade du grand Sésostris. Il a changé une montagne en palais, dont la porte est flanquée de quatre magnifiques colosses assis, n’ayant pas moins de soixante-deux pieds de hauteur»
En fait c’est Ramsès II (1279-1212 av. J.-C), qui, dans les années 26 à 34 de son règne, se fit construire, tout près de la rive du fleuve, ces sanctuaires pour l'éternité.
Le grand temple d'Abou Simbel, orienté vers l'ouest, est dédié au grand dieu d'Empire Amon-Rê et au dieu soleil Rê-Horakhty, ainsi qu'aux principales divinités du pays. Il a été découvert en aout 1817 par Giovanni Belzoni après trois semaines de déblaiement. Ce n’est qu’en 1818 que l’inventaire complet du temple sera fait par l’anglais William Banfes et le Français Louis Linant.
Ci-contre une reconstitution faciale de Ramsès II à 50 ans (source : laboratoire d’odontologie et d’anthropologie cranio-faciale du service de médecine légale de l’hôpital Raymond-Poincaré, France).
La façade du temple mesure 33 mètres de hauteur et 38 mètres de large. Les quatre statues colossales de Ramsès II sont hautes de 20 mètres. Elles regardent le soleil levant (conseil pour les photographes : allez-y plutôt le matin sinon, on est à contrejour, et avec la brume ou le sable, les photos sont difficiles…)
Le second colosse situé à gauche de l'entrée s'est effondré, peut être en raison d'un séisme qui, selon certains, se serait produit du vivant de Ramsès. Sa partie supérieure gît à terre, au pied de la terrasse, mais en s'écroulant, elle a pulvérisé toutes les statues qui étaient placées à ses pieds. La reconstruction s’est posé la question de la reconstituer ou de la laisser en l’état. Finalement, c’est la seconde solution qui a été choisie.
Le sanctuaire, tout au fond du Temple possède quatre statues : Amon-Rê, au chef surmonté de deux plumes, Ramsès II, Horus avec sa tête de faucon. La quatrième, à gauche est Ptah. Deux fois par an (vers les 20 février et octobre) un rayon du soleil vient illuminer les trois statues de droite pour les revivifier. Ptah reste dans l’ombre…
L’intérieur du Temple est extraordinaire. Il possède des bas reliefs magnifiques et de nombreuses traces de couleur sur les murs. Les chambres latérales et les reposoirs sont dans un état de conservation impressionnant.
A proximité, Ramsès II a fait construire un autre temple, de dimensions plus modestes (!) pour Hathor et sa première épouse Nefertari, représentante de la déesse sur Terre. Sa façade présentes six statues colossales de 10 m de hauteur. Chaque représentation féminine est encadrée par deux statues masculines (Ramsès et Amon Rê).
Ces deux temples recevaient chaque année les premiers la crue du Nil. Voici ce qu’en disait Christiane Desroches-Noblecourt (rapporté par Passion égyptienne)
«Ces deux grottes sacrées, essentiellement complémentaires, concrétisent par leur emplacement, leur forme et leur message, l’arrivée de l'inondation en Nubie égyptienne : c'est l'instant béni du jour de l'An égyptien où Pharaon réapparaît sur son trône à l'issue de la cérémonie jubilaire annuelle, comme un soleil rajeuni garant du renouveau de l'Égypte, avec le retour du flot impétueux. Ce phénomène se produit aux environs du 18 juillet.
À l'aube, l'étoile Sothis qui avait disparu du ciel pendant soixante-dix jours, se montre à l'horizon oriental quelques instants avant que le soleil ne se manifeste. Les Égyptiens appelaient ce prodige le lever héliaque de l'étoile Sothis, fêté dans le pays tout entier; cela constituait aussi le premier jour du calendrier de 365 jours 1/4 dont nous avons hérité.»
La reconstruction
Nous ne l’évoquons que sur la fin de ce commentaire tellement elle est invisible. Si on n’avait en tête les images (1968) de sa reconstruction, on pourrait croire qu’on visite les temples originaux.
Dans les années 1960, un mouvement international, largement lancé par Christiane Desroches-Noblecourt et soutenu par André Malraux («L'acte par lequel l'homme arrache quelque chose à la mort») a poussé l’Egypte, l’Unesco et la communauté internationale à sauver ces temples, première manifestation de l’idée de Patrimoine mondial…
Plusieurs projets avaient été présentés : construire une digue de protection autour de l’original, le découper et le faire flotter… Finalement, c’est le projet de transplantation avec découpage des blocs qui fut choisi et mise en œuvre. Ce fut une entreprise colossale, une succession de défis techniques. Les relevés devaient être très précis et on ne disposait pas des mesures 3D d’aujourd’hui.?
Le plus impressionnant fut sans doute la découpe du monument en petits morceaux à reconstituer ensuite comme dans un gigantesque puzzle. Naturellement, des résines Epoxy furent aussi utilisées et beaucoup de béton armé pour stabiliser la structure qui allait accueillir la reconstitution.
Les Temples ont été intégralement reconstruits, intérieurs et extérieurs 180 m plus loin et 64 m plus haut.
Si vous voulez en savoir plus sur ce chantier injustement oublié, l’Icomos a un rapport en ligne (en anglais).
Matériel : Nikon D3S, zoom 14-24 mm f:2,8 et autres optiques Nikon f:2,8/180 mm, f:1,4/50 mm, f:2,8/105 mm, f:1,4/35 mm.