Chaque année, nous nos rendons à Vézelay, la colline inspirée. C’est un besoin presque physique. A n’importe quelle saison, quelle que soit l’heure, la magie du lieu opère toujours. Le souvenir de Bernard de Clairvaux y est-il pour quelque chose ?
Nous aimons y rêver. C’est une sorte de ponctuation indispensable de notre vie. En voici un témoignage qui ne peut qu’illustrer une partie du mystère de la basilique Sainte Marie-Madeleine et de tous ceux qui sont venus y méditer.
Les photos des chapiteaux ne reflètent qu’imparfaitement leur force. Pour nous, leurs personnages se présentent comme de vieux amis que nous allons voir presque chaque année. Une centaine à admirer, à redécouvrir.
Certains y voient l’ancêtre de la BD, d’autres, du cinéma ou encore une bible de pierre… Mais le visiteur du XXIème siècle ne peut les voir comme ils l’étaient par ceux du XIIème siècle. Nous vivons dans l’image, nous sommes baignés d’illustrations réalistes. Le pèlerin n’en connaissait guère, d’où la force extrême que devaient revêtir ces sculptures, ces leçons de Bible dans un monde illettré mais mystique. Aujourd’hui, comme l’indiquait Georges Duby, on ne peut même pas s’imaginer leur impact, enserrés que nous sommes dans des univers picturaux infiniment variés.
Peut être que ces sculptures fonctionnent-elles à l’envers, par leur aura d’étrangeté, à mille lieux de notre monde hyper-réel. C’est ainsi qu’elles nous interrogent, qu’elles nous conduisent à revenir sur nous même, à méditer sur notre rapport au Bien, à instiller du doute sur nos actions et nos certitudes.
Flâner dans le village, descendre dans la crypte du IXème siècle sous le choeur demeure un moment fort. Un ressourcement.