Les électeurs de droite ont bien de la chance
(pour une fois…)
Les électeurs de droite ont bien de la chance
(pour une fois…)
A gauche, rompre les ponts avec les reliquats marxistes
Et pour la gauche, justement, le chemin est tracé, mais hélas beaucoup plus difficile tant les rivalités de programmes et de personnes semblent immenses, tant sa propension à promouvoir des dirigeants trop peu compétents ni capables d’assumer des responsabilités publiques est apparue abyssale avec le quinquennat de François Hollande (et des parlementaires prédésignés par sa grande amie Martine Aubry).
Il faudrait qu’en retour les candidats à la primaire de gauche assument les positions d’un progressisme moderne, soucieux de justice sociale et de mérite plutôt que d’égalitarisme qui décourage. Une gauche qui s’appuie sur la générosité et non sur la permissivité et l’envie envers ceux qui réussissent. Bref, qui rompt les ponts avec les reliquats marxistes ou assimilés.
Ne pourrait-elle revenir à la formule du socialiste réformiste suédois Olof Palme : «Être doux avec faibles et exigeant avec les forts» ? Emmanuel Macron pourrait réussir, mais à condition d’avoir un programme crédible et assumé . Et encore y parviendrait-il que son expérience apparaîtrait bien faible pour la suite. À ceci près, une confrontation Fillon/Macron pourrait nous offrir un choix intéressant.
Les solutions d’hier engagées avec sincérité et fermeté ou celles de demain, dont on ignore beaucoup, menées par une personnalité neuve, mais visionnaire. Le tout en se demandant lequel des deux fera enfin évoluer notre pays dans un monde instable tout en maintenant l’essentiel qui nous a été laissé par nos aînés.
Jean-Luc Michel est professeur d'université en communication
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-163016-les-electeurs-de-droite-ont-bien-de-la-chance-pour-une-fois-2045763.php#ikGvgUeBHg1U0Ezd.99
4 juillet 2016, in Les Echos
Les sympathisants de la droite auront le luxe de placer le curseur entre deux programmes assez proches, portés par deux candidats d'expérience. Pour les électeurs de gauche, qui seront appelés à voter dans quelques mois, le choix sera plus difficile.
Avec plus de quatre millions de participants à la primaire de la droite et du centre, difficile de dire que la politique n’attire plus personne. La gauche avait inauguré la formule en 2011 en portant François Hollande, la droite, qui s’en méfiait, s’en est emparée avec un grand succès.
Dans une période qu’on dit soumise au populisme et aux diktats de la communication, les deux protagonistes du second tour n’ont rien cédé à la démagogie. Alain Juppé ne s’est pas engagé à réduire fortement les impôts des classes moyennes largement mises à contribution par la gauche et qui attendaient pourtant un signe. François Fillon n’a pas hésité à rappeler ses positions philosophiques en matière d’avortement ou d’adoption plénière.
Rappelons-nous comment François Mitterrand s’était royalement moqué de l’opinion publique en 1981 en affirmant qu’il abolirait la peine de mort au risque de mécontenter une partie de l’électorat et de perdre l’élection. Toutes proportions gardées, François Fillon assume sans hésiter un certain conservatisme quitte à prêter le flanc à toutes les critiques, même les plus absurdes.
Des experts aux convictions assumées
Entre Alain Juppé et François Fillon, il y a, une fois n'est pas coutume, un vrai débat, des vraies questions sur lesquelles l’électeur est appelé à se prononcer. On lui donne l’occasion de placer lui-même le curseur des réformes qui sont globalement de même nature.
L’un comme l’autre sont des hommes d’expérience, ayant enduré la colère populaire contre les réformes. Ce sont des experts et la dénonciation anti-expertise n’accroche pas toujours quoiqu’on en dise. Ce que reprochent les gens, ce n’est pas l’expertise des élites en tant que telle, mais que celles-ci, trop souvent, ont failli, en vendant leurs services et sûrement leur âme.
Les deux finalistes ont des convictions et les assument, quitte à ne pas séduire des franges entières de leur électorat potentiel. Avec François Fillon, il est clair que le FN n’aura plus grand-chose de motivant à proposer si ce n’est à s’accrocher à la phraséologie de l’extrême gauche, ce qui est assez tragi-comique au fond.
Les Français qui ne cessent de se plaindre et de s’autodétruire pourraient au moins se dire que comparativement aux Britanniques et aux Américains , nous avons à droite deux responsables d’une autre trempe, d’une autre qualité intellectuelle. Espérons qu’il en sera de même à gauche, avec de vrais choix et des curseurs à placer…
Ces primaires sont une chance pour la droite qui d’un coup pulvérise le relativisme ambiant sur ceux d’en haut qui se détacheraient de tout et ne connaîtraient rien des attentes – et des souffrances – de ceux d’en bas comme le disait un autre ancien premier ministre.