En démissionnant sur laffaire corse, Jean-Pierre Chevènement souvre une belle perspective pour la présidentielle. Certes, il a été facile de le ringardiser à lextrême, surtout depuis son passage dans lau-delà et sa sortie sur les "sauvageons". Mais avec son refus de suivre la voie engagée par le Premier ministre sur la Corse, lancien ministre de lIntérieur montre quil a encore un sens politique aiguisé. Le Mouvement des citoyens veut saffirmer comme un "pôle républicain" rassemblant celles et ceux qui pensent que la République équilibre les droits et les devoirs.
Lintérêt de sa démarche, quelles que soient ses orientations politiques générales que lon peut partager ou non, est de se trouver à contre courant du "politiquement correct" dominant. Jean-Pierre Chevènement est un de nos derniers politiciens fossiles, de lespèce de ceux qui croyaient que la politique était simple, quil suffisait dénoncer ses convictions et de faire confiance à lintelligence de lélecteur sans chercher à le séduire à tout prix en le caressant dans le sens du poil.
Avec cette démission, bien mise en scène et presque ritualisée, il se donne le maximum de chances deffectuer un score surprenant à la présidentielle. Il peut séduire ceux qui pensent quun peu de rigueur et de responsabilité sont indispensables sans faire peur par des positions trop rigides, racistes ou xénophobes. Il peut capter à droite comme à gauche ou au centre. Reste à voir comment il va tenir la durée et ne pas se faire enfermer dans limage qui est souvent donnée de lui. Entre les propos lisses, un peu démagogiques et souvent creux de la "pensée unique" de droite comme de gauche et les anathèmes racistes et archaïques, Jean-Pierre Chevènement peut jouer en finesse sur un axe peu encombré de la rhétorique nationale. Il en a la largeur et lépaisseur. Le débat y gagnera sûrement et la vie démocratique aussi.
JLM
septembre 2000
Suite à la démission de JP Chevènement sur "l'affaire corse"