Les 130 000 suppressions demploi de Philips représentent un nouvel exemple de gâchis humain.
Dans la décennie précédente, on "dégraissait" la sidérurgie en expliquant sans vergogne que loutil de production nétait plus adapté à la concurrence.
Le "salarié jetable" était alors peu formé et les entreprises qui le licenciaient peu innovantes et peu performantes.
Avec Philips comme avant avec dautres majors de lélectronique, des télécommunications ou de linformatique, il nen est rien a priori (même sil est vrai que lorsquon veut noyer son chien, on dit quil a la rage). Philips - et son personnel - ont été à la base dinnovations techniques importantes qui ont changé et facilité la vie des consommateurs, notamment dans le domaine du son avec la cassette puis le disque compact (en collaboration avec Sony).
Il est vrai quavec la cassette numérique pourtant développée avec la vision "morale" de maintenir une compatibilité avec son ancien standard analogique , Philips sest fourvoyé, mais ce "droit à lerreur" nest il pas indispensable au progrès technique ?
Qui croyait au succès du baladeur de Sony ?
Pour un produit qui marche, combien terminent leur carrière au musée des illusions perdues. Philips comme Sony sont assez bien parvenus à réunir produits très innovants et produits standardisés de qualité à faible coût, mais cette voie traditionnelle des très grandes entreprises devient de plus en plus dangereuse.
Pour grandir, une firme doit innover avec des produits "élitistes", pour se maintenir, elle doit proposer des produits de masse tout en conservant son image sans mécontenter ses actionnaires.
La moindre erreur stratégique a des répercussions "catastrophiques" (au sens de la théorie des catastrophes), le mauvais positionnement se paie au prix fort. Pour limiter ce gâchis, il nous faut inventer de nouveaux systèmes de régulation.
JLM
Mai 1998
Les dégraissages massifs sont toujours assez scandaleux, encore plus dans les entreprises de pointe... où ils paraissent encore moins logiques ou "justifiés" !
Il est aussi question de compatibilité des systèmes. Et un décision "morale" de l'offir aux consommateurs se solde par un cuisant échec commercial : la mort de la cassette numérique DCC de Philips terrasée par le mini-disc de Sony, en attendant la prochaine étape de la lutte.