Claude Allègre a annoncé une réduction de certains programmes, notamment en sciences physiques.
Il est vrai que la valse hésitation autour de la physique au collège a de quoi faire grincer les dents du parent contribuable : on en met de la sixième à la troisième, on change les programmes (et les matériels afférents), on la supprime en sixième et cinquième, puis on la remet jusquau prochain changement ministériel. Le ministre a répondu à laccusation de surcharge des emplois du temps des lycéens (quid des collégiens ou des écoliers ?), mais ce faisant, on reste comme toujours dans le quantitatif : moins dheures pour ceci ou cela en fonction de lactualité ou des lobbies.
La vraie question, soigneusement évitée depuis que les commissions de programmes existent concerne les finalités de lÉducation.
Les programmes sont déterminés par des commissions réunissant principalement des enseignants spécialistes des disciplines concernées. Selon les ministres, ces commissions couvrent lensemble de la scolarité, de la maternelle à luniversité ou se scindent en plusieurs groupes par niveau denseignement. Revenons au cas type de la physique : cest le lobbying des spécialistes qui est roi. Un peu de mécanique pour satisfaire le mécanicien, un peu délectronique pour lélectronicien et ainsi de suite. Les petits lobbies se font peu entendre, même sils représentent des notions importantes.
À la décharge des commissions il est vrai quil est plus facile de saccorder sur le découpage et le partage des notions plutôt que sur une vision commune de la société : société technicienne comme disait Jacques Ellul ou société humaniste voire post moderne.
Cest pourquoi avec cette inversion de la logique et des priorités politiques, il est tellement difficile de modifier quoi que ce soit alors quil est vital que lÉducation nationale soit au service de lévolution de notre société.
JLM
Mars 1998
Les changements de programmes, décidés par les ministres me font souvent sourire. Ayant fait partie d'une de ces doctes commissions, j'ai pu observer comment le corporatisme et le conformisme s'appuyaient sur la bureaucratie pour ne jamais se poser la question essentielle : celle des finalités : pourquoi enseigner telle discipline et telle notion ?