En matière de prévision et de description, il ny a pas que les économistes qui se trompent régulièrement.
Les analyses en matière de "sociabilité" des utilisateurs de téléphones mobiles seront aussi comiques à relire dans quelques années que celles qui affirmaient que le chemin de fer rendrait aveugle ceux qui oseraient saventurer dans les tunnels.
Le manque de distance, le délire sur le "non respect des autres", sur "laffirmation égocentrique de soi", voire sur des marqueurs freudiens de lobjet lui même (formes "phalliques", caresses quon lui procure, cris et chuchotements quil entraîne) sont aujourd'hui largement dépassés et ringards.
Avec une quinzaine de millions dutilisateurs, on a pu observer une fantastique appropriation collective et individuelle dun nouvel outil de communication auquel tout porte à croire que nous étions prédisposés ou préparés - parce quil nest quune simple extension de nos usages sociaux.
Plutôt que de jouer les observateurs ronchons, les critiques eussent dû examiner à quelle vitesse les gens apprivoisaient loutil et apprenaient à en user avec respect progressif des autres ou tolérance pour les néophytes (il suffit de voyager en train pour s'en rendre compte).
Lusage des mobiles par les femmes (supposées moins sensible à ce genre dostentation), lindépendance vis-à-vis de son employeur ou de ses relations démontrent que le "portable" relie les gens dans une socialité renforcée de plus en plus soucieuse des autres.
Deux exemples de base : de moins en moins de gens usent du bip systématique lorsque lon frappe les touches ou crient dans leur combiné en croyant être mal entendus ; ce nest quune vulgaire observation micropsychologique, mais elle indique la tendance générale : la libération de la temporalité et leffet cumulatif de lusage des technologies de communication chez homo sapiens, ce qui veut dire que nous acquérons de plus en plus vite les changement comportementaux propres aux évolutions de la société.
JLM
Juin 2000
Ce texte - très polémique - tappe fort sur ceux des sociologues (un brin idéologues) qui ont produit toutes sortes d'études assez creuses sur "la perte de lien social" qu'entraineraient les téléphones mobiles.
On a vu depuis qu'ils s'étaient largement trompé. Est-ce une raison pour ne pas le leur dire ?