celui
qui a perdu sa capacité de s'étonner, de s'émerveiller
devant le grand livre ouvert de la nature, autant vaudrait qu'il fût
mort, ses yeux sont fermés. »
Albert Einstein
La rédaction
d'un mémoire de recherche est un grand moment de l'existence. Bien
au-delà de la satisfaction de disposer ensuite d'une peau d'âne
dont on tâchera de faire le meilleur usage, il va surtout s'agir de
se surpasser, de côtoyer ses limites, intellectuelles bien sûr,
mais aussi physiques, organisationnelles ou psychologiques.
S'engager dans la rédaction d'un mémoire de recherche suppose
une autonomie bien plus grande que celle qui est induite par les autres procédés
classiques d'évaluation ou de sélection. Certains affirmeront
que contrairement à la plupart des examens ou des concours où
il suffit de régurgi¬ter ce qu'on a appris au moyen de méthodes
éprouvées ne laissant que peu de place à l'imagination
et la créativité, la recherche laisse complètement libre
celui qui s'y adonne. Mais en contrepartie, pour que son travail soit crédible
et utile, l’apprenti chercheur doit satis¬faire de nombreuses exigences,
aussi strictes ou difficiles que celles de l'examen ou du concours, mais de
nature fort différente.
D'où l'enjeu considérable de bien réussir son mémoire
et de produire de la connaissance un tant soit peu nouvelle, ce à quoi
cet ouvrage se propose de vous aider en dressant des pistes menant à
la fois à la réussite « académique » mais
aussi à un véritable épanouissement personnel dépassant
très largement le strict cadre de l’exercice imposé.
Avant de se lancer dans cette belle aventure, il est indispensable de se fixer
quelques étapes incontournables comme la détermination d’une
stratégie par rapport au cursus dans lequel on se trouve, l'évaluation
de ses aptitudes ou capacités person¬nelles, la fixation d'un «
bon » sujet, ni trop large ni trop restreint, mais intéressant
ou motivant, le choix d'un directeur de mémoire (quand c’est
possible), la mise au point d'une « problématique » ou
d'une mise en question lumineuse et féconde, la construction d'une
méthodologie rigoureuse, efficace et économique, la délimitation
d’un corpus approprié et accessible, de bonnes références
bibliographiques et contextuelles, une présentation simple et sobre,
un style limpide et clair entraînant l'adhésion à vos
idées et suscitant l'enthousiasme de vos lecteurs, et enfin une espérance
de vie de votre mémoire de plusieurs années : cette dernière
règle sera notre premier souhait.
En rédigeant un mémoire de recherche, vous allez sûrement
redevenir un bébé, c'est-à-dire un chercheur «
frais et dispos », l'esprit toujours en éveil, la capacité
d'étonnement sans limite, la faculté d'exercer des rapprochements
inattendus ou de fabriquer naturellement et sans efforts des modèles
intellectuels ou des concepts, sans compter une fantastique capacité
d'organisation associée à une bonne dose d’obstination.
Et au delà de la mise en œuvre de ces qualités déjà
non négligeables, vous vous sentirez merveilleusement autonome et libre,
libre de réfléchir et de vous organiser par vous même,
ce qui apporte une expérience qui ne s'oublie jamais.
Destinée à toutes celles et tous ceux qui ont à produire
un mémoire de recherche ou orienté vers la recherche ou «
professionnel problématisé », que ce soit en master (1
ou 2), en thèse, en institut ou en école spécialisée,
la seconde édition de ce livre vous accompagne dans un exercice difficile
et souvent solitaire. Il n’a pas vocation à dicter la «
bonne » recherche mais à vous aider à trouver une voie
originale et féconde qui associe la réussite universitaire et
professionnelle. En effet, un bon mémoire conduit son auteur à
se connaître lui même (c’est le positionnement qui sera
traité au chapitre premier), à se poser les bonnes questions,
utiles et pertinentes, celles qui font avancer la connaissance (c’est
la conception au chapitre 2), à déterminer une méthode
originale et s’y tenir en associant créativité et rigueur
(c’est la réalisation au chapitre 3), et enfin à surmonter
tous les obstacles techniques jusqu’à la soutenance (c’est
le chapitre 4).
En faisant un mémoire, vous déclencherez, comme disait Gaston
Bachelard, un processus de germination qui ne s'arrêtera plus…
et vous sera utile bien au-delà du seul diplôme.
L’enjeu apparaît énorme : il ne s’agit pas seulement
de produire du discours académique purement descriptif, aussi raffiné
soit il, mais de développer des capacités à traiter des
problèmes complexes, à repérer les variables déterminantes,
à les modéliser en cherchant à découvrir quelles
structures dirigent ou influencent les phénomènes observés.
Un esprit entraîné à cette approche atteint évidemment
un niveau de conceptualisation digne d’un bon bac+4/5, mais il apporte
aussi la preuve qu’il peut rapidement s’insérer dans des
entreprises ou des organisations sans se restreindre au champ toujours limité
des stricts débouchés universitaires.
Le succès de la première édition a fondé l’ambition
de la seconde : montrer que développer des capacités de recherche
peut être efficace pour les entreprises ou les organisations et bon
pour les diplômés en leur offrant un choix plus vaste de débouchés
plus intéressants.
Avoir un esprit de chercheur, c'est bon pour la vie…