Au-delà
des ambitions pratiques, voici un ouvrage dont l’ambition n’est
pas la quête d’un « grand prix » quelconque de la
recherche. Son ambition est dans le service qu’il rend aux jeunes étudiants
des sciences humaines et sociales de niveau deuxième année de
master, voire aux candidats chercheurs en thèse, en leur offrant un
cadre formel de référence pour s’engager dans la tâche
de présentation de leur travail, même modeste au départ.
Ses aspects théoriques et pratiques, aussi bien que l’humour
par lequel l’auteur se projette à la place du lecteur concerné,
en facilitent la compréhension globale.
La réédition du livre de Jean-Luc Michel, un des premiers de
la collection Infocom paru en 1999, a connu une augmentation conséquente
de volume. Elle montre que son thème est déjà des plus
utiles sur le seul registre de la communication d’une démarche
de recherche, qui inclut sa compréhension du point de vue de l’écriture
comme de la lecture, et le choix du cheminement représenté par
les étapes figurées par un plan, lui-même en lien avec
un contexte et une méthodologie choisie.
L’objet d’un tel ouvrage ne relève évidemment pas
de vieilles lubies qualifiées d’académiques, mais rappelle
que toute communication n’échappe pas à la question préalable
de normes dont la finalité participe à la clarté des
connaissances acquises et transmises à des tiers. Les médias,
écrits et/ou audiovisuels, ont bien les leurs pour faire passer à
profusion leurs « messages » ou « offres » de programmes
à leurs publics ! On ne saurait donc reprocher à l’Université
de rechercher toujours plus de rigueur, de logique et de cohérence
dans ce qu’elle propose, ne serait-ce que pour faciliter l’indispensable
dialogue entre les sciences humaines et sociales malgré leurs objets
spécifiques.
Or, le « mémoire » est déjà une première
« offre » de recherche que beaucoup trop d’étudiants
sous-estiment encore, tant qu’ils n’ont pas été
convaincus des apports potentiels de leurs propres travaux et observations.
Dans cet esprit, l’auteur propose à ses lecteurs de dépasser
le discours descriptif courant, pour ne pas dire habituel, pour envisager,
voire proposer, des constructions opératoires, utiles ou lisibles par
le corps social qui finance, directement ou indirectement, les recherches.
Autrement dit, il est lui-même ici un incitateur ! Un bon mémoire,
voire une bonne thèse, n’est-ce pas déjà une satisfaction
personnelle et la preuve affichée de capacités à travailler,
dans la vie professionnelle comme au sein de l’Université et
des établissements de recherche ?
Pour développer son objectif, Jean-Luc Michel n’hésite
pas non plus à rappeler le contexte conceptuel des sciences de l’information
et de la communication qui, en tant que discipline reconnue au sein de l’Université
française, ont passé le cap de leur trente ans en 2005. L’intérêt
pour les étudiants en formation et les chercheurs-débutants,
est de les rendre attentifs au fait qu’aucun directeur de mémoire,
voire de thèse, ne leur demandera de re-découvrir la Lune !
Ceci vaut évidemment tout autant pour les futurs universitaires que
pour les futurs communicants des entreprises qui ne s’expriment pas
toujours dans le même langage et avec les mêmes références
conceptuelles, quand ils semblent traiter des mêmes phénomènes
communicationnels qui, par définition, sont souvent imprécis
et complexes dans leurs origines comme dans leurs effets.
En somme, l’ouvrage de Jean-luc Michel, en plus de son ambition didactique,
a une vocation de politique scientifique, celle — précisément
— de faire reconnaître toute l’importance des sciences de
l’information et de la communication auprès de ses lecteurs…
en recherche.
Michel MATHIEN
Professeur des universités
1er Vice-président de la 71e section
du Conseil National des Universités
(Sciences de l’information et de la communication).