Que faire avec un réseau local ?...
Nous reviendrons sur ce sujet dans de prochaines fiches tellement les potentialités pédagogiques paraissent larges, aussi nous contenterons nous aujourd'hui de décrire quelques applications parmi les plus évidentes.
Que l'on en juge : une enquête pourrait ainsi être mise au point par un élève ou un groupe d'élèves grâce à des fonctions de traitement de texte, de gestion de fichiers, voire de calculs (avec un tableur (1) par exemple), puis "envoyée" à d'autres en "local". En d'autres termes, les interlocuteurs se verraient réellement... Ils pourraient même se parler et commenter leur travail réciproque...
La découverte de la télématique ainsi conçue "déterroriserait" ceux qui pourraient manifester quelques craintes et leur montrerait très rapidement les possibilités et les limites de cette technologie.
A l'échelon suivant, une fois les données "bien au point", elles pourraient être envoyées à une autre classe, à un autre établissement, à un individu ou à un groupe équipés d'un ordinateur connecté grâce à un modem (2) et relié à une ligne téléphonique, soit en mode commuté standard, soit via TRANSPAC (3).
Tous ceux qui auront ainsi eu la chance d'apprendre les fonctionnalités de la télématique en "local" (c'est à dire en disposant de l'avantage inestimable de voir son interlocuteur) entreraient alors en connaissance de cause dans la "vraie" télématique, en en connaissant les premiers "codes" et les premiers "langages" (au sens audio-scripto- visuel)...
Les échanges de données au moyen d'ordinateurs connectés
Comme il a été dit plus haut, des échanges télématiques simples (via un modem) pourraient être mis en œuvre rapidement entre des établissements équipés. Ne coûtant qu'une taxe de base par communication de circonscription, on n'aurait pas trop à craindre de se retrouver en fin d'année avec des budgets de fonctionnement exagérés... Rappelons de plus qu'il ne s'agit pas dans cette hypothèse d'utiliser seulement des Minitels, mais des ordinateurs connectés, ou encore des "Minitels intelligents" (4), c'est à dire dotés de moyens de traiter les informations qu'ils reçoivent, notamment de les enregistrer sur disquette et de les incorporer facilement dans des traitements de texte ou des bases de données "locales". Profitons-en pour signaler qu'une des applications les plus novatrices et les plus intéressantes de la télématique va consister à pouvoir utiliser directement les données extraites de grandes banques pour les manipuler dans ses travaux personnels. Une enquête statistique "locale" sera ainsi facilement enrichie de valeurs plus générales, ou bien au contraire une étude "nationale" sur un sujet quelconque sera émaillée de chiffres correspondant à des réalités locales, éventuellement plus concrètes pour les destinataires.
On ne manquera pas de remarquer que ce genre de travail ferait pratiquer de manière active les multiples langages et codes de ce qu'il est désormais convenu de nommer les "civilisations de l'information et de la communication ".
Il devient dès lors possible d'imaginer que des écoles ou des collèges correspondent entre eux et échangent toutes sortes d'informations, ce qui aurait pour premier effet de faire émerger des équipes locales qui apprendraient peut être à travailler ensemble, grâce à ce que l'on pourrait appeler des "jumelages télématiques"...
Les échanges avec les serveurs locaux
Jusqu'à présent, nous n'avons parlé de "serveur" que d'un point de vue rigoureusement local, comme d'un ordinateur dédié à cet usage (5); mais il est bien évident que l'on peut envisager d'autres applications plus proches de l'image déjà "traditionnelle" de la télématique, comme l'interrogation de grandes banques de données. Rappelons tout d'abord qu'un serveur est un ordinateur spécialisé dans la gestion d'informations en grand nombre qu'il doit pouvoir communiquer utilement à de nombreux correspondants. C'est pourquoi on a forcément recours à des matériels puissant capables de dialoguer simultanément et "rapidement" (6) avec plusieurs personnes (au minimum 5 et jusqu'à plusieurs centaines pour les très grosses installations…).
Comme il ne saurait être question de s'équiper dans chaque département d'un gigantesque serveur rassemblant toutes les informations utiles (à propos, qui peut en dresser la liste ?), mieux vaudrait envisager leur éventuelle spécialisation dans des domaines bien délimités, en fonction des réalités ou des préoccupations locales.
Profitons-en pour insister sur le fait qu'à nos yeux la télématique n'a de chance de réellement se développer qu'à la condition de fournir un service complet, c'est à dire de ne pas se contenter "éternellement" de citer des références ou des résumés, mais de proposer la communication de documents in extenso. Les progrès en matière de mémoires de masse optiques (avec enregistrement/lecture par laser) permettent d'augurer de tels développements pour la fin de la décennie et il convient de ne pas les ignorer dans les plans d'équipement. Dans la pratique, ceci conduirait à ce que le serveur ne se contente pas de citer les références des réponses correspondant à la question posée (ce qui est souvent le cas actuellement), ni même un résumé (ce qui est déjà plus rare en matière de micro-serveurs) mais propose d'envoyer le texte original complet. C'est ce que font déjà les grandes banques de données scientifiques, industrielles ou juridiques (7).
Pour le moment, les coûts de ces systèmes n'ont évidemment plus rien à voir avec ceux de la micro-informatique, mais on peut être certain qu'ils chuteront comme ont chuté ceux de toutes les autres technologies électroniques, de sorte que le dernier obstacle à lever sera celui de la saisie des données (au début essentiellement des textes). On peut signaler que la solution existe déjà, mais qu'elle n'est malheureusement pas assez connue ni assez "portable" sur tous les matériels (8).
Si chaque serveur régional ou départemental se spécialisait dans un "créneau" de données (sans exclure des recoupements ou des chevauchements), il resterait naturellement à faire en sorte que le catalogue des prestations offertes par chacun d'eux puisse être connu facilement de tous leurs utilisateurs, d'où la notion de serveur de serveur, qui comme le catalogue des catalogues ou le festival des festivals (¡!) devrait permettre de remonter la filière jusqu'à l'information recherchée...
Nous conclurons en rappelant qu'une base de données départementale ou régionale n'a d'intérêt qu'à la condition d'être conçue à double sens, c'est à dire à la fois pour l'émission et la réception.
Ce qui veut dire qu'après s'être confrontés aux principaux usages de la télématique en "local" au sein de leur établissement et d'en avoir découvert les principaux codes, les utilisateurs de ces systèmes pourraient dialoguer efficacement avec les serveurs locaux pour en extraire des documents pertinents ou pour leur fournir des informations nouvelles...
(1). C'est à dire une feuille de calcul électronique du genre de MULTIPLAN...
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(2). Ou MOdulateur/DEModulateur : Appareil permettant de faire passer par une ligne téléphonique normale des informations entre un ordinateur et un autre. Le Minitel possède un MODEM incorporé.
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(3). Service offert par les PTT pour les échanges télématiques. La taxation ignore la distance et s'applique seulement sur la durée et les débits d'informations. Une communication en "commuté" classique correspond à une simple taxe de base.
G (4). Qui commencent tout juste à exister, notamment chez CIT ALCATEL.
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w (5). C'est à dire réservé, au moins provisoirement à cet usage, sans pour autant perdre ses caractéristiques de base.
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Y (6). Notamment parce que la tarification dépend de la durée de connexion au serveur...
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(7). Comme les bases du CNRS, ou les base internationales de brevets, ou encore JURIS DATA accessibles par l'intermédiaire de la société TELESYSTEMES.
3 (8). Au dernier SICOB, on pouvait remarquer sur le stand de l'ADI (Agence De l'Informatique) un dispositif ingénieux permettant de transférer directement des documents imprimés sur ordinateur à l'aide d'une sorte de crayon optique (à condition qu'il s'agisse de polices de caractères connues du système)....
Jean-Luc MICHEL
Mars 1985
Comme l'ont dit beaucoup de lecteur, dès 1985 toute la préfiguration des échanges permis par le net des années plus tard était présente.
C'était peut-êter visionnaire ??
Mais tout ceci était possible entre les établissements scolaires et d'autres de formation…
Naturellement, rien n'a été fait.
EN 2018, on en recause encore…