Une visite au Roi des Natembas

 
 

Rendre visite à un Roi n’est pas courant. C’est pourtant ce que notre organisateur nous a proposé lorsque nous avions demandé à rencontrer des personnalités représentatives des régions visitées.

Il se trouve que Laurent Viart (Sadidi) a noué des relations avec ce personnage qui règne quend même sur plus de 30 000 sujets.

Thimothée, notre adorable guide organisa donc cette véritable audience.



Conduits sur place par Achille, il fallut attendre le roi pendant de longues minutes, heureusement propices à la photo car la lumière était superbe à l’entrée de son Tata.

Des sièges avaient été disposés par un des ses fils, le Prince Edmond à notre attention. Tout était prêt pour l’audience. Naturellement, pour jouer le jeu nous nous adressâmes à lui en usant de forces Majesté…


 

Thimothée et Edmond se relayaient à la traduction car le Roi ne parlait pas français (ou ne voulait pas le parler devant nous pour des raisons protocolaires).

Voici le compte rendu, rédigé juste après.


Question 1 :

Sa majesté pend elle ses décisions en pensant à ce qu’auraient fait ses ancêtres ?

Réponse : oui, il se demande à chaque fois comment ils auraient réagi et cherche à comparer avec son avis personnel. Ce n’est pas toujours facile car les problèmes deviennent de plus en plus diversifiés. Ce ne sont plus seulement des petits conflits de propriété ou de voisinage.


Question 2 :

Son rôle le plus important en tant que Roi  est-il celui de rendre une certaine forme de justice ?

Réponse : oui, c’est même le plus important pour lui. Il essaie de concilier les gens. Ce n’est pas toujours facile. Et si les choses sont trop graves, il prévient la police. Il donne quelques exemples de ses décisions pour des vols de bétail et des risques de représailles entre familles. Il faut parfois rendre des arbitrages très difficiles, surtout quand il s’agit de familles anciennes et respectables dont un héritier a maheureusement failli.


Question 3 :

Son rôle est-il toujours perçu comme important par les jeunes ? Ceux ci lui  témoignent-ils toujours du respect ? Comment voit-il l’évolution  de son rôle et de son peuple ?

Réponse : les choses changent mais les jeunes ont toujours beaucoup de respect pour sa fonction. Il pense que le côté juge de paix reste utile aujourd’hui et demain, même si pour lui, c’est éprouvant et que ça lui prend beaucoup de temps.


Comment devient-on Roi ?

A la mort du souverain précédent, son successeur est désigné par un Oracle du Fa parmi ses fils. À défaut, l’Oracle va chercher des personnes plus éloignées dans la lignée.

Lui-même a été appelé à la fonction alors qu’il habitait loin et qu’il ne le voulait pas. Il a refusé une première fois mais n’a pas pu se soustraire à l’injonction de l’oracle.

Il a eu cinq femmes et 37 enfants. Le prochain roi sera peut-être un de ses fils, mais rien n’est sur, c’est l’oracle qui le dira.

On peut noter que cette coutume de filiation indirecte rappelle un peu celle de l'Egypte ancienne. Le Pharaon avait des quantités d'enfants, dont certains avec sa sœur, mais ce n’est pas pour autant que son successeur était toujours son fils ainé. Les prêtres intervenaient plus ou moins, selon les dynasties, dans le choix final. Le Pharaon pouvait lui aussi, dans certaines circonstances, choisir lequel de  ses nombreux fils était le plus apte à lui succéder.


A l’issue de l’audience et après beaucoup de compliments réciproques, nous pûmes visiter le Tata du Roi.

Celui-ci est absolument superbe et de bonne taille. Des éléments traditionnels y étaient bien présents comme une porte en paille plutôt qu’en métal et divers instruments rituels.


Matériel : Nikon D4, Nikkor 105mm f:1,4, 14/24 mm f:2,8.



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BENIN