Les voûtes
Les voûtes
LE MAS DE L’ESPINAS
Les voûtes de l’Espinas offrent des caractéristiques très particulières et même exceptionnelle pour l’une d’entre elles.
Les voûtes intérieures se situent sous la grange et datent vraissemblablement du XV ème siècle sans que ceci puisse être établi à coup sûr. C’est en se basant sur la facture de la taille des pierres et les raccordements aux autres éléments architecturaux que cette période est la plus probable selon les spécialistes, mais le débat reste ouvert. Vos contributions seront les bienvenues.
L’étable à brebis (voûte basse)
Bien entendu; elle est absolument indépendanet des murs puisque le poids doit impérativement être ramené à la verticale et ne surtout pas pousser à l'horizontale car il n’y a évidemment aucun liant, aucun mortier.
Souvent, on construisait la voûte en premier pour passer facilement les matériaux et on dressait les murs ensuite. Les voûtes de l’Espinas illustrent clairement ces techniques de construction. Elles n’ont pas bougé depuis plusieurs siècles.
Sa meurtière sud est asymétrique, exactement comme la fenêtre de la grange qui se situe juste au dessus.
On y entre par un porche en trois pièrres au claveau à crossettes (comme les quatre autres de la maison) et aux voussoirs à retours d’angles (comme tous les autres aussi). Il comporte un chanfrein, des filets et bien sûr la signature du tailleur de pierre.
Des proportions étonnantes :
En reprenant cette photo avec les mensurations, on comprend mieux la prouesse des bâtisseurs.
La largeur fait 2,2 fois la hauteur. On est bien en présence d’une voûte très surbaissée. Il s’agissait de dégager le maximum d’espace au sol tout en ne prenant pas trop de volume de pierres. Un plein cintre eut demandé une hauteur démesurée.
La flèche rouge montre l’enclavement presque horizontal de l’entrée à gauche. Il a fallu des artisans incroyablement doués pour réaliser une telle prouesse architecturale.
La flèche jaune montre l’endroit où la voûte rejoint le mur, c’est-à-dire, seulement à la verticale pour n’exercer aucune poussée latérale qui déstabiliserait ce dernier.
Dans ce qui n’était qu’une ferme (certes protégée) on se trouve en présence d’une extraordinaire leçon d’architecture.
Voici le schéma de principe de la construction d’une voûte en plein cintre (extrait du cours de Frédéric Vivien) :
Les voûtes de l’Espinas sont en anse de panier surbaissé. On peut penser qu’elles se dessinent à partir de trois, ou, le plus souvent, de cinq ellipses :
Laurent Antuna, le Tailleur de pierre qui a réalisé le nouveau porche Nord est parti lui aussi de cinq ellipses pour obtenir une courbure équivalente.
L’écurie à vaches (voûte la plus haute)
La plus haute voûte est perpendiculaire à la plus basse. Elle jouxte la cuisine avec laquelle elle communique par une étroite porte. Les paysans la dénommaient «écurie à vaches». C’est un profil plus proche du plein cintre classique, mais néanmoins très particulier.
Le premier élément notable est le raccord en son milieu. Il fallait tellement de bois de coffrage que les charpentiers réalisaient un premier gabarit sur lequel les maçons construisaient la voûte. Une fois celle ci achevée, on descendait légèrement le coffrage pour le translater un peu plus loin et s’en resservir. Un exament attentif montre que les moellons de raccordement sont soigneusement enclavés.
Cette voûte comporte un puits intérieur, en eau entre la Toussaint et Pâques, c’est-à-dire lorsque les bêtes étaient dans la ferme. Elle pouvait accueillir dix à douze vaches selon les paysans qui ont connu la ferme en exploitation. Un ratelier pour les chevaux indique la présence de ceux-ci ainsi qu'éventuellement une mule.
La grande voùte tronc-conique («canonnière»)
Il n’y a pas que les voûtes intérieures d'exceptionnelles à l’Espinas.
La voûte de l’entrée principale l’est tout autant. Sa forme est tronc-cônique pour distribuer simultanément les étables et la grange. Deux fois plus large d’un côté que de l’autre. On imagine la complexité de la charpente qui a dû recourir à des planches triangulaires, un peu comme des diminutions en tricot…
Quant au tailleur de pierre il a taillé les blocs en triangle et réalisé des «fausses rangées» qui ne se terminent pas…
En 1765, un ouvrage a été publié sur les voûtes complexes (dont les coniques) par Amédée Frezier, Directeur des fortifications de Bretagne…
Voici le genre de calculs qu’il faut faire…
Ces voûtes étaient utilisées pour des besoins miltaires, des fortifications et surtout des canonnières (d’où leur surnom). Elle peut dater du milieu du XVII ème siècle ou plus tardivement lorsque la tourelle est devenue inutile et qu’il a fallu agrandir la maison.
Le porche d’entrée (décrit par ailleurs) comporte lui aussi des crossettes et des retours d’angle.
La question qui revient pour toute la maison est la suivante : Comment se fait-il qu’autant d’éléments architecturaux rares ou exceptionnels soient réunis dans une ferme, certes riche et peut-être même noble, mais de très petite noblesse (au plus la Seigneurie de Longueville) ? Pourquoi autant de savoir faire dans un lieu aussi reculé ?
Le tronc de cône vu de la face intérieure.
La complexité du porche n’a pas empêché une réalisation parfaite. A droite, l’entrée du four à pain qui est le vestige de la tour de défense du XV ème.
La cachette secrète
L’Espinas en possède une beaucoup plus rare : Dans une voûte…
Elle se situe sur la,partie droite de la photo, derrière la guirlande.
Bien sûr, il est impossible de se douter que derrière les pierres, il existe une cavitée maçonnée de 2 mètres de long pour environ1 mètre de haut et de large…
On y accède par une simple niche, en haut de l’escalier qui conduit de la cuisine à la chambre principale.
Trois ou quatre personnes peuvent s’y retrouver en sécurité.
En 2018, un visiteur bien - ou mystérieusement - informé nous a déclaré que la maison en possédait certainement une seconde…
Reste à savoir où…
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