Historique 

LE MAS DE L’ESPINAS

 
 

L’histoire de la maison est toujours à écrire


Nous y travaillons depuis des années, mais de manière discontinue.…

Beaucoup d’amis historiens nous ont aidé :

Michel Carlat,

le Père Minard, Jacques Schnetzler ou d’autres de manière ponctuelle.

La revue du Vivarais  a publié un article complet repris dans un volume sur Le Pays des Vans au Moyen Age.



Ci-dessus, Michel Carlat.

En dessous, Jacques Schnetzler.



La tradition orale

Nous n’avons pas pu trouver de trace écrite confirmant la tradition orale recueillie auprès de quelques anciens de Montselgues ou de Thines comme Henri Ours (le «Ricou» du Petit Paris) ou Léon Dubois de Thines.

Selon eux, le mas de l’Espinas aurait été la «résidence du plateau» des seigneurs de Longueville.

Ci-dessous le château de Longueville après sa récente restauration :




Rien dans la généalogie des Longueville ni dans les quelques documents dont nous disposons ne permet d'accréditer la tradition orale. Il n’y a que la datation approximative par les techniques de construction qui donne une idée de la construction de la cuisine.

Mais plusieurs éléments du mas attestent d’une construction seigneuriale : une ancienne tourelle démolie au XVII ème siècle mais dont il reste des éléments structurants : jambage monumental en une seule pierre, linteaux, etc.

Le peuplement de Montselgues comme son église sont légèrement antérieurs à Thines.


Ci-dessous, l’église Saint Martin de Montselgues (fin XII ème siècle) a été l’objet de nombreuses restaurations, dès le XIV ème jusqu’au XIX ème. :




Ci-dessous, la cour intérieure de l’Espinas : la partie droite constituait la base de la tourelle, devenue four à pain lors de la construction de la voûte tronc-conique à gauche et de la chambre au dessus dans le courant du XVII ème siècle après les autres grands travaux des années 1651/1658.






On voit que le jambage de droite est constitué d’une seule pierre monumentale, typiquement en accord avec la base d’une tourelle de facture XV ème.

Ce qui reste étrange et inexplicable, c’est que si le château est intéressant mais «classique», sans élément architectural majeur, le mas possède quant à lui des caractéristiques exceptionnelles qui ont justifié son classement complet au titre des Monuments historiques en octobre 1988.

Encore plus significatif de la grande évolution du mas au milieu du XVII ème siècle : l’élargissement de la fenêtre de la cuisine.

La cuisine date approximativement du XV ème siècle (contemporaine du château de Longueville). A l’époque, les maisons disposaient de peu d'ouvertures, aussi bien pour se protéger du froid que des agresseurs. On ne sait rien de ce qui se passa à Montselgues pendant la Guerre de Cent Ans (1337 à 1453), mais le grand Connétable Bertrand Dugesclin, entre autres, comte de Longueville (mais en Normandie…) , perdit la vie le 13 juillet 1380 lors du siège devant Châteauneuf-de-Randon, place forte située à moins de 50 km de Montselgues. 

Le gouverneur anglais vint déposer les clés de la ville sur son cercueil en considérant qu’il avait gagné le siège…


Ci-dessous la mort de Duguesclin (très romancée…)




Dans ce contexte, les habitations devaient se protéger contre les mercenaires, payés par les Anglais ou les Français, appelés en Cévennes, les «Routiers». Surarmés, ils étaient une véritable terreur pour les populations. Certains territoires connaissaient encore les difficultés de la féodalité, mais les paysans ne pouvaient compter que sur eux mêmes, d’où ces innombrables maisons fortes dont le mas de l’Espinas n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Certaines maisons fortes, les plus riches (?), les mieux construites (?) par des propriétaires prudents ou craintifs étaient dotées de cachettes sur le modèle des oubliettes.

L’Espinas, comme le Bouchet de Pranles (Privas) possède sa cachette secrète…


Peut-être que la niche en haut de cet escalier  n’est pas une simple niche ?




Pouvez vous vous douter que cette voûte en granite est creuse ?




Un autre élément de récupération lors des travaux du XII ème siècle : un magnifique linteau à accolade, réemployé dans un mur.




L'élément le plus exceptionnel est sans conteste la célèbre voute de la cuisine.

A priori, c’est une voute d’arête… 

Sauf que celles ci possèdent toujours une base carrée, ce qui fait que les diagonales sont des axes de symétrie. On les appelle aussi voutes à quatre pans et ce modèle n’a rien d’exceptionnel, on en trouve partout y compris dans des caves…

A l’Espinas, la base n’est pas un carré mais un rectangle résultant de l’interpénétration de deux cylindres de diamètres différents, celui qui prolonge l’étable et un autre perpendiculaire de diamètre inférieur.

Les diagonales ne sont plus des axes de symétrie et les trompes de voute possèdent  nécessairement une double courbure.

C’est cette particularité qui a été jugée exceptionnelle en 1987/1988 lors du classement.


Ci-dessous la double courbure :




Et celle qui lui fait face :




Comment interpréter cette particularité ?

Quelle période ?

Depuis des années, les théories se succèdent sans qu’aucune n’ait pu être attestée.

L’hypothèse la plus admise date la cuisine du XV ème siècle avec une «fantaisie» du maître d’œuvre, un essai de sortir de la voute d'arête sans aller jusqu’à l’arc brisé ou l’ogive.

Mais comment se fait-il qu’on ait pu se lancer dans un tel projet dans un lieu aussi isolé, sans richesses particulières ?




La réception de 1988 pour le classement au titre des Monuments historiques : de gauche à droite, Raoul Robert, Maire de Montselgues,Mme Moulin, Jean Moulin, Vice Président du Conseil général de l’Ardèche, Michel Carlat, Pierre-Marie  Auzas, Inspecteur principal des Monuments historiques, conservateur de Notre Dame de Paris, auteur de la monographie sur Thines. Tous sont réunis dans la grange en travaux.




Jean Moulin, Vice Président du Conseil général de l’Ardèche, Conseiller général de Valgorge en train de déclamer le poème «Mon Châtaignier» dans la cuisine voûtée.








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Une maison fortifiée du XV ème siècle


Outre les traces bien visibles du mas du XV ème offertes par la base de la tourelle ou d’autres éléments plus discrets dans la taille des pierres, on peut considérer que la fenêtre de la cuisine apporte la preuve définitive de la transformation radicale de la maison au milieu du XVII  ème.

Dans les années 1643/1654, c’est la Régence entre Louis XIII le Juste (mort en 1643) et Louis le Grand , Louis-Dieudoné, né en 1638, trop jeune pour gouverner. Anne d’Autriche devient régente et Mazarin chef du Conseil comme Richelieu (mort en 1642) avant lui. Louis le Quatorzième sera couronné à Reims le 7 juin 1654.

Entre 1648 et 1653, à Paris, c’est la Fronde, épisode court mais très complexe qui scella l’histoire de France jusqu’en 1789.  Sûrement inspiré par l’exemple anglais d’instauration d’une monarchie constitutionnelle après deux guerres civiles successives entre 1642 et 1649, et l’exécution de Charles 1er cette année là pour haute trahison, les esprits de la Noblesse et du Tiers Etat voulaient contrôler le pouvoir royal. Alliances et contre alliances firent que l’histoire évolua à rebrousse poil du Royaume Uni. A la fin de la Fronde en 1653, l’autorité du Roi de France allait s’installer pour 126 ans.


Pendant ce temps, dans les Cévennes, plusieurs années de bonnes récoltes se traduisirent par une augmentation de la population et de l’état général de richesse. La sécurité était assurée (la Guerre de Trente ans avec l'Espagne se déroulait fort loin) et de nouveaux besoins pouvaient s'exprimer. L’évolution la plus visible se trouve dans les habitations. Les sombres demeures du Moyen -Age allaient laisser la place à des logements plus grands, laissant entrer l’air et la lumière. Ce fut une sorte de «Renaissance» observable un peu partout, y compris  dans les zones reculées du Royaume.

Le Mas de l’Espinas participa très largement à ce mouvement. En voici la preuve visuelle; dans la cour de la maison.


La vue ci-dessous montre la cour dans son état actuel. A gauche, la base de la tourelle, au centre la cuisine avec sa porte et sa fenêtre. Au dessus, la fenêtre de la chambre principale avec son immense pierre d’assise.

Au premier abord, rien ne choque…




Mais en regardant plus attentivement, on remarque que cette fenêtre n’est pas logique. S’il y a un magnifique linteau en haut, présentant une narine sculptée, comment se fait-il qu’il n’y ait pas d’appui équivalent en bas. Que signifie cette narine ?




Sur ce plan rapproché, on voit mieux la narine du linteau et on remarque qu’il n’y a pas d’appui à la base, ce qui est anormal pour une construction de cette qualité.

Au hasard des travaux dans la maison, nous retrouvé un linteau de mêmes dimensions et facture que le linteau supérieur. Ce ne pouvait être que l’appui.




Une seconde découverte mit à jour un splendide meneau de même hauteur que les jambages à droite et à gauche (environ 30 cm). Il figure en bleu sur la photo.

Comment comprendre la structure de cette fenêtre ?

Nous avons cru un moment qu’un second meneau prenait sa suite jusqu’à l’appui, retrouvé par la suite et déposé au XVII ème.

Dans un de ses livres, notre ami Michel Carlat représenta ce fameux meneau tel que nous imaginions qu’il se situait à l’origine.





Mais en fait, c’était une erreur…

Comment imaginer que l’appui ait été supprimé ? Pourquoi cet assemblage assez grossier à la base de la fenêtre ?

La solution se trouvait dans le mouvement général vers la lumière offert par la sécurité et la relative prospérité de la seconde moitié du XVII ème siècle : La fenêtre avait été élargie… A l’instar des châteaux forts, avec des ouvertures dites «Renaissance» (suivant de plus d’un siècle la Renaissance italienne…).

Le mas du XV ème siècle était refermé sur lui même et ne présentait qu’une seule petite ouverture inviolable que le photomontage ci-dessous illustre :




On peut imaginer la vie derrière de tels murs… Et le désir, dans les années 1650 de laisser entrer la lumière…

Notre  souci de respecter cette maison n’a quand même pas été jusqu’à refermer l’ouverture pour retrouver l’état originel…


Vue imaginaire de l’intérieur  au XV ème siècle :




Lors des visites de la maison, par exemple pour les Journées du Patrimoine (mais pas seulement), nous montrons d’autres éléments architecturaux historiques et exceptionnels, comme le fait que tous les porches (au nombre de quatre avec la grande cheminée) présentent des «retours d’angle» (ou retours d’équerre, appellation moins adaptée), que l’on n’observe que sur quelques exemples de châteaux féodaux.

Il s’agit d’une technique romaine, bien expliquée par Eugène Violet le Duc, tandis que Vitruve parlait d’un entablement à gauche et à droite… Le nom officiel de ce profil ne semble pas bien établi.

Il s’agit d’un voussoir retroussé en retour d’angle (on pourrait dire aussi à l’équerre) exigeant une pierre massive pouvant être taillée pour cet usage.

La raison de son emploi est avant tout technique : donner de la résistance au porche en libérant la clé de sa fonction de tenue en pression et donc en équilibre.

Dans un porche traditionnel, si on retire la clé, tout s’effondre. Avec le retour d’angle, les voussoirs prennent la charge qu’ils équilibrent dans les murs, le porche ne peut pas s’effondrer.

En principe, son usage est quasi-exclusivement militaire.

Mais pourquoi au XV ème et au XVII ème siècles, en a-t-on taillé à l’Espinas ?

Besoins militaires : infiniment peu probables…

Besoin de défier le temps ? Rêve d’un propriétaire ? d’un tailleur de pierre ?

On peut ajouter qu’en plus de ces retours d’angles, les porches sont tous taillés en crossettes, ou en «trait de Jupiter».

Ci-dessous le voussoir du porche d’une des étables.




Le porche daté 1651, lui aussi à crossettes et à voussoirs en retour d’angle.




La «cannonière» (meurtrière) permettant de se défendre en passant le fusil, est bien visible à gauche de la fenêtre à meneau.


La fenêtre à meneau

La taille, très simple de ce meneau, sans chanfrein ni moulure. incite à penser qu’il date bien du XV ème siècle. Les enrichissements sont venus plus tard, au XVI ème et surtout au XVII ème.





Un exemple de voûte équivalente

Depuis des années que nous en cherchons, un seul exemple comparable se trouve à la Cathédrale Saint-Pierre-et- Saint-Paul de Villeneuve-lès-Maguelone, à prolixité de Montpellier


La même situation : deux cylindres de diamètre différent





La même solution : double courbure, mais ici, on est arrivé à l‘arc brisé…










 

Les premières mentions d’occupation au XIIIè…

Elles ont été repérées par notre ami Michel Carlat aux Archives de Privas. L’index du cartulaire de l’Abbaye cistercienne des Chambons (commune de Borne, près de Saint Etienne de Lugdarès et de Loubaresse) signalait le mas de l’Espinas dès 1275, sous l’abbatiat de Eblon Azas, puis à plusieurs reprises tout au long des 13ème, 14ème et 15ème siècles.

Cette abbaye, dont il ne reste rien était la fille de Sénanque, elle  même fille de Mazan, à quelques dizaines de kilomètres.

Le cartulaire ne cite évidemment pas la maison actuelle, mais la seule dénomination de «Mas» indiquait un peuplement déjà conséquent et une demeure importante.

Ensuite, c’est dans les Estimes Royales de 1464 que l’on peut obtenir des observations précises sur le terroir.

Dressées après la fin de la Guerre de Cent Ans par Louis XI, elles furent effectuées pour faciliter la levée de l'impôt royal sur un mode déclaratif, chaque tenancier étant tenu d‘énumérer ses richesses. Ce fut le début des impôts permanents et réguliers en France…

Après les avoir récupérées aux Archives départementales, nous les avons fait traduire par le Père Minard, auteur du livre sur Thines et Malarce à la fin du XXème siècle, une des rares personnes du département à savoir lire des textes du XV ème mélangeant le latin et l’occitan…




Pïerre Minard, moine bénédictin de Ligugé au cours d’un repas à l’Espinas en 1979 (au fond à droite). La photo montre l’état de la cuisine avant que la voûte ne soit sablée).


A table avec lui :




Le Livre - réédité - du Père Minard : Il reprend la méthodologie tracée par Emmanuel Le Roy Ladurie dans sa monographie sur «Montaillou, Village occitan», parue en 1975 qui a initié l’étude des inventaires, des estimes pour redonner vie à une population paysanne oubliée de la grande histoire.





Son travail a été repris post mortem et prolongé par un article de Michel Carlat paru dans la Revue du Vivarais.


Avec le Composx Terrier de 1640, analysé par Jacques Schnetzler dans la Revue du Vivarais, on a des éléments encore plus précis. Nombre de feux, noms des tenanciers, état de leurs richesses, etc.

En 1464, le hameau de l’Espinas regroupait 4 feux, c'est-à-dire 40 à 50 habitants (familles et domestiques). En 1640, on dénombrait une famille de plus et beaucoup de noms de «tenanciers» avaient changé. Descendants par les femmes ou nouvelles arrivées. En l’absence de registres paroissiaux, impossible de trancher.



Le mystère des dates

Le mas de l’Espinas possède un porche intérieur de grange daté de 1651 avec les initiales PG.

En 1640, une seule maison couverte «à lauzes» est signalée comme appartenant à Marthe Boyer. Est-ce le mas qui serait sorti de la noblesse et appartiendrait à une héritière non encore mariée ? Ce qui est étrange, c’est que l’état de fortune de cette dame semble bien faible pour une ferme de cette importance…

En 1640, le seul PG possible aurait été Pierre Galtier, propriétaire important au hameau du Vert à environ 3 km.

Et cette de1651, corroborée par l’étude chronologique des charpentes effectué par Christian Dormoy (Cabinet Archéolabs) est fondamentale pour la maison.

C’est en 1651 que le mas a changé de statut. De demeure féodale fortifiée et peu éclairée, il a connu les bienfaits de la «Renaissance» (historiquement tardive en Cévennes) avec des ouvertures de fenêtres, comme celle de la  cuisine et des surélévations et vraisemblablement, la destruction de la tourelle pour construire l’aile Ouest.

Quelle est la bonne hypothèse ?

- En 1640, la maison était encore noble et ne figurait pas sur le Compois, réservé aux roturiers ?

  1. -Elle appartenait à Marthe Boyer et celle ci se serait mariée à Pierre Galtier avant de faire les gros travaux de 1651 ?

Michel Carlat penchait pour la seconde hypothèse.

Nous avons évidemment cherché des contrats de mariage et les «prix faits» (les contrats de construction de maisons, passés devant notaire) de ces années là, mais hélas reste à ce jour sans résultat.

Le mystère demeure.

Il y a d’autres questions. Si la maison fut Boyer en 1640, Galtier en 1651, comment expliquer qu’elle devint Bastide en 1691 ? Ce Pierre Galtier n’aurait eu qu’une fille qui se serait mariée à un Bastide ?

Mais, des photos en lumière rasante, prises par notre ami Maurice Lhomme semblent montrer que ce «G» n’est pas aussi certain que nous le croyions. Il pourrait aussi s’agir d’un «b» minuscule…

Serait-ce le «b» de Marthe Boyer ? Mais pourquoi en minuscules ? Ou alors déjà un Bastide ?

Le mystère demeure entier, merci de nous aider si vous avez des idées…

Quant à la dendrochronologie, elle montre que les gros travaux de transformation se sont étalés entre 1649 et 1658.



Le peuplement : une très lente croissance et un déclin rapide

On a trouvé des traces néolithiques au col de Peyre, à quelques kilomètres. Les voies gallo romaines sillonnaient la contrée, Charlemagne passa dit-on au hameau du Petit Paris (au nord de Montselgues) où un château aurait été érigé. Si ceci n’est pas attesté, il est néanmoins probable que Charlemagne passa dans la région comme l’atteste le nom singulier de la ville de Joyeuse (qui fut l’épée de Charlemagne).

Les moins du Monastier Saint Châffre bâtirent l'église de Montselgues et le peuplement de l’Espinas est attesté dès le début du XIII ème siècle.

En 1464, comme on l’a dit plus haut : 4 feux, 40 à 50 habitants.

En 1640, une dizaine d’habitants de plus.

Au dernier recensement opéré sous le Second Empire (1866), le hameau atteignit son maximum avec 92 habitants (autant que le village de Montselgues aujourd’hui).

Avec cette surpopulation très excessive pour des terrains agricoles très pauvres, ce fut l’inexorable décroissance entraînée par la recherche de travail ailleurs,  les crises agricoles du phylloxera dans les vallées, l’attrait des mines d’Alès et enfin la modernité.

La Première Guerre mondiale faucha une génération entière. Entre les deux guerres, les hameaux n’eurent pas le temps de se relever, et après 1939/45, l’industrialisation compléta l’exode rural connu par toute la France agricole. L’absence de piste d’accès fut une composante supplémentaire de la désertification.

Le dernier propriétaire occupant, Edouard Bastide vendit la propriété en 1956 et sa maison en 1958 à un industriel ardéchois Ernest Moulin à qui nous avons acheté le Mas en 1973/74 sous les conseils avisés du Maire de Montselgues, Marcel Dubois.



Touche personnelle

Je découvris le mas de l’Espinas dans les années 1960 (je n’avais pas encore 15 ans), à la faveur d’un pique nique organisé conjointement par mes instituteurs et institutrice, Yvette et Henri Bassis, qui m’avaient eu comme élève à Paris, rue de Lesseps.
Nous étions en compagnie d’un ancien mineur, devenu auteur d’un joli roman régional, Georges Fontanes (Les Quatre temps ou la vie d’un mineur cévenol) et du chef des FTP pour le secteur sur Ardèche, Nord Gard et Lozère.


Gorges Fontanes à l’Espinas en 1963 ou 1964 (au centre) :




C’est dès ce jour là que je voulus acquérir l’Espinas… C’était un projet fou comme on me le disait. C’est sûrement pour ça que je le réalisai… une petite dizaine d’années plus tard, avec celle qui allait devenir ma compagne.


La maison dans les années 70 :




Après deux années de discussions acharnées, de marchandages pierre à pierre, et poutre à poutre avec Ernest Moulin, nous eûmes la chance de pouvoir acheter la maison. J’avais 23 ans.

Depuis, c’est un bonheur recommencé.



Le cadastre de 1823, dressé par des officiers d’Empire à la retraite.




La maison dans les années 1950 (cliché aimablement fourni par les filles et nièces d’Edouard Bastide) :